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Marie et les Noces de Cana
2e Dimanche ordinaire – C

Article publié le 17 janvier 2025 par Père Jérôme MONRIBOT dans Billets spirituels
  1. Le miracle de Cana est le premier miracle de Jésus. Un miracle qui n’était pas destiné à être vu, puisqu’il a été accompli dans la discrétion la plus totale, mais un miracle destiné à être raconté à tous. Mais alors pourquoi ? Pourquoi ce miracle opéré dans la discrétion devait-il néanmoins être raconté à tous ? C’est en relisant bien le texte que nous le saurons.
  2. Le cadre du miracle est celui d’une noce, c’est-à-dire d’une alliance célébrée entre deux êtres qui s’aiment et veulent fonder un foyer. La présence de Marie et de Jésus à ses noces n’est donc pas anodine. Tous deux, en effet, souhaitent nous voir heureux et tous deux se réjouissent avec nous de ce qui, par bonté naturelle, peut effectivement nous réjouir et nous rassembler, comme chaque jour, par exemple, à travers la célébration de l’Eucharistie qui est le sacrement de l’alliance nouvelle et éternelle.
  3. Marie précède Jésus à ce mariage qui, lui-même, la rejoindra un peu plus tard. Par ailleurs, bien que Marie ne soit pas personnellement la maîtresse en titre du banquet, nous voyons, cependant, la Vierge se soucier du bon déroulement de ces noces. Ainsi, le regard prévenant de Marie constate qu’il n’y a plus de vin.
  4. Il n’y a plus de vin et la noce n’est pourtant pas encore achevée. L’évangéliste ne nous indique pas les raisons de ce manque mais, ce qui est certain, c’est que toute célébration de mariage entre deux juifs s’achève par le rite du kiddouch au cours duquel est sanctifiée une coupe de vin que boivent ensuite les mariés. Ce rite liturgique scelle ainsi la cérémonie de leur union. Or, s’il n’y a plus de vin, le rite de cette union tombe donc à l’eau, dans tous les sens du terme, et la raison profonde de festoyer ensemble n’a plus lieu d’être.
  5. D’où la prévenance maternelle de Marie. L’observation que Marie adresse à Jésus est ainsi une supplique : ils n’ont pas de vin. Sans obliger le Christ pour autant, la Vierge demande ainsi à son fils de remédier miraculeusement à cet inconvénient majeur. Il n’est donc pas interdit de demander un miracle à Dieu. L’art est de savoir s’y prendre correctement et d’avoir, effectivement, une bonne raison de le faire.
  6. Jésus, cependant, accuse une fin de non-recevoir vis-à-vis de la prière de sa mère. Je ne m’étendrai pas sur la profondeur intelligible des paroles de Jésus, car cela m’emmènerait trop loin et je risquerai de perdre en route quelques-uns d’entre vous. Néanmoins, il faut considérer que Jésus justifie son refus par rapport à l’Heure de sa crucifixion où, sur la croix, il confiera sa mère à Jean, en lui disant : « Femme, voici ton fils. » Le refus apparent de Jésus est donc intimement lié à la maternité spirituelle de Marie qui, comme telle, doit être publiquement révélée au Golgotha et non à Cana.
  7. Marie, cependant, intime aux serviteurs de faire tout ce que dira Jésus. Et nul doute que la persévérance de la foi et de la confiance de Marie a bel et bien déterminé Jésus à revenir sur sa décision. Nous connaissons la suite… Le miracle est discrètement accompli et, même le maître du banquet et le fiancé ne savent pas d’où provient cet excellent vin. Preuve que le miracle n’était pas destiné à être vu, contrairement à tous les autres miracles de Jésus. Seuls les serviteurs qui ont discrètement obéi à Marie le savent. Il faut donc aussi souligner la foi de ces humbles serviteurs qui ont suivi les recommandations pressantes de la Vierge.
  8. Si l’excellence du vin est le signe visible de l’excellence du pouvoir thaumaturgique et messianique de Jésus, il est aussi et surtout, le signe de l’excellence de la propre foi de Marie qui, contre toute attente, a obtenu que s’accomplisse ce miracle. Ce faisant, la foi de Marie n’a pas changé l’eau en vin, mais elle a fait changer d’avis son divin fils. Dès lors, dans l’éclat extraordinaire que constitue le miracle de Jésus, se cache, se dissimule, l’éclat de la propre foi de Marie, humble et discrète. Et si, après tout cela, les disciples crurent en la gloire de Jésus, le Christ, précisément, n’a pas de plus grande gloire que celle de la bonté maternelle qui émane du cœur de sa mère. Par conséquent, si le miracle de Cana préfigure l’institution des saints mystères que représente l’Eucharistie des Noces de l’Agneau, l’intercession de Marie, à Cana, préfigure aussi l’exercice de sa maternité spirituelle vis-à-vis de toute l’Église que représente alors, au pied de la Croix, l’Apôtre Jean.
  9. Par conséquent, si ce miracle – qui n’a pas été vu – nous a cependant été révélé et raconté, c’est afin que nous ayons tous ensemble conscience de l’intercession bienveillante et toute puissante de la Vierge Marie. Comme une mère aime ses enfants, la mère de Jésus aime tous les disciples de son fils. Et comme Marie demanda aux serviteurs du banquet de faire tout ce que Jésus leur demanderait, Marie aussi, pour notre propre joie, nous demande sans cesse et toujours de faire tout ce que Jésus demande.
  10. Frères et sœurs, accueillons aussi, dans notre propre vie, le don extraordinaire que constitue la maternité ecclésiale de Marie. Comme des enfants aiment leur mère, aimons la Vierge Marie. Comme de bons enfants obéissent à leur maman, obéissons aussi aux demandes de Marie et faisons tout ce que Jésus nous demande d’accomplir, pour notre propre bien et la plus grande gloire de Dieu.