Petit billet spirituel à l’occasion des lectures de la messe de ce 3e dimanche de l’Avent
En bon paysan, Saint Jacques (cf. 2e lecture) parle aux agriculteurs qu’étaient en bonne partie les judéo-chrétiens des villages palestiniens du 1er siècle. La vertu caractéristique de l’homme de la terre est la patience. Peut-être, en notre monde fiévreux, adepte du zapping, cette humble vertu n’est-elle plus vraiment à la mode… La société et les nouveaux moyens de communication, quasi instantanés, nous poussent à faire vite et tout de suite ! Et cependant, il y a un rythme de la vie et de la nature auquel nous ne saurions nous soustraire impunément. Tout ce qui vit et dure se fait lentement. La patience n’est pas la faiblesse des paresseux mais, au contraire, la réalisation graduelle d’un projet que Dieu nous présente et que nous acceptons, petit à petit, au fur et à mesure que se déroulent notre existence ou les épreuves de la vie.
Précisément, parce qu’il vient avec patience, le Christ, souvent, déçoit ceux qui sont les plus éloignés de la foi et de l’Église. D’autant plus qu’il ne vient pas comme nous l’attendons. Nous nous faisons souvent, en effet, une certaine idée du Christ qui ne correspond pas toujours à la réalité. Jean-Baptiste, tout prophète qu’il fût, n’a pas échappé à cette tentation idéaliste (cf. l’Évangile de ce dimanche). Morfondu dans sa prison de Machéronte, sur les falaises de Moab, Jean espérait sans doute que le Messie viendrait triomphalement le délivrer des mains de ses ennemis. Mais rien ne vient… L’incompréhension du Baptiste, voire sa déception, sont compréhensibles. Après tout, Isaïe n’avait-il pas jadis prophétisé que le Messie rendrait la liberté aux captifs (cf. 1re lecture) ? Au fond de son cachot, comme de nombreux chrétiens après lui, Jean vit la nuit obscure de la foi. C’est alors que Jésus lui répond à sa façon. Jean est ainsi invité à une autre lecture des Prophètes. Les « œuvres de miséricorde » qu’accomplit Jésus sont bien les « signes » avant-coureurs d’une alliance nouvelle à travers laquelle Dieu manifestera son amour envers les bons et sa justice vis-à-vis des impies.
Pour pleinement comprendre les Prophètes, il faut donc que Jean, comme les aveugles, recouvre la vue de la foi, comme les sourds, qu’il ouvre les oreilles de l’espérance, comme les vrais pauvres, que son cœur fasse pleine confiance à Jésus. Car il vient avec patience le juste juge : il est à notre porte !