Au nom du Mouvement « Pour l’Unité » et de son conseil d’administration, je vous souhaite une heureuse et sainte année 2022, pleine d’espérance, de joie et particulièrement de confiance et de paix dans le Christ. |
Chers amis,
Je m’appuierai de nouveau sur le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) pour traiter cette fois de la vérité face au mensonge. En effet, la période trouble que Dieu permet que nous vivions m’incite à vous proposer quelques éléments à ce sujet. Il convient, dès lors, de ne pas se laisser tromper en bien des domaines par des voix charmeuses, pire, ensorceleuses, visant à troubler gravement notre juste perception des choses et à fausser ainsi nos décisions et, par conséquent, nos actes (cf. n°2486).
Le 8e commandement évoque le mensonge : « Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain » (Ex 20, 16). Et le CEC en précise différents aspects dans le paragraphe I. Vivre dans la vérité (nn°2465 à 2470). On y lit ceci :
La parole de bien des hommes publics — outre des mensonges éhontés, parfois affirmés « les yeux dans les yeux » et ne faisant même plus rougir leurs auteurs ni allonger le nez de ces « Pinocchios » — regorge aussi de duplicité, de simulation et d’hypocrisie pour arriver à justifier l’injustifiable : loi qui jette l’opprobre sur une partie des citoyens transformés en boucs-émissaires de tous les maux, qui enlève la vie à des innocents jeunes ou vieux sous couvert d’humanité, qui promeut un transhumanisme trompeur, etc. Ainsi nos rapports étant de moins en moins empreints de cette vérité élémentaire, il en résulte cette dérive dénoncée avec force par le CEC : « le mensonge est funeste pour toute société : il sape la confiance entre les hommes et déchire le tissu des relations sociales. » n° 2486
On voit aussi que dans de nombreux pays dits démocratiques où la liberté d’expression est normalement la règle, de puissants médias, en plus de certains gouvernements, en viennent même à censurer sans retenue ceux qui osent émettre une opinion contraire à la vision du monde qu’il veulent imposer pour notre « bien » ! Il est interdit de penser autrement. S’opposer à cette vision c’est être complotiste et s’exposer alors au lynchage en règle de l’« inquisition médiatique » au cœur double et aux lèvres menteuses (cf. Ps 11, 3). Cela rappelle ce funeste journal communiste : la Pravda (vérité) !…
De fait, au sujet du mensonge, qui censure la vérité en empêchant une juste liberté d’expression, le CEC nous enseigne, toujours dans le 8e commandement, au chapitre V. L’usage des moyens de communication sociale, que :
Nous ne pouvons donc pas nous contenter de cette « pitance » qui nous est trop souvent servie, et devons faire l’effort d’aller chercher cette information fondée sur la vérité. Ne soyons pas naïfs : tout le monde ne veut pas notre « Bien ». C’est ainsi depuis la Chute !…
Vincent Terrenoir
Aymeric Pourbaix, pouvez-vous nous décrire votre parcours de journaliste ? Quelle place y occupe la foi ?
Le journalisme s’est imposé à moi comme une direction professionnelle évidente à partir d’un stage effectué au journal La Voix du Nord. À ma sortie de l’École Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ), j’ai aussi découvert le goût pour la radio grâce à un service militaire effectué à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) comme animateur d’une radio pour les militaires français.
Ainsi, après ma période militaire, j’ai d’abord passé onze années – comme journaliste puis rédacteur en chef – au service de Radio Notre- Dame, qui cherchait alors à étoffer sa rédaction, avant de diriger la rédaction de Famille Chrétienne (six ans), puis l’agence d’information spécialisée sur le Vatican I. MEDIA (deux ans). Depuis 2018, je dirige l’hebdomadaire France Catholique. J’anime également deux émissions sur la chaîne de télévision CNEWS : En Quête d’Esprit, diffusée depuis mai 2020 tous les dimanches à 13h00 et 21h00, www.cnews.fr/emission/2022-01-09/en-quete-desprit-du-09012022-1168881 et les Belles Figures de l’Histoire, diffusée depuis janvier 2021, le samedi à 13h00. www.cnews.fr/emission/2022-01-08/les-belles-figures-de-lhistoire-du-08012022-1168602
Élevé dans la foi par mes parents mais, comme beaucoup de ma génération, mal catéchisé, je l’ai rejetée à l’adolescence. Je l’ai redécouverte juste avant d’entrer à l’ESJ grâce à un pèlerinage à Vézelay, qui a constitué un nouveau départ dans ma vie spirituelle. Puis j’ai suivi une formation au Centre d’Études Religieuses [NDLR : fondé en 1925 par Jean Daujat], et lu de nombreux ouvrages, ce qui m’a aidé à structurer ma foi et mon raisonnement. Ainsi, lorsque j’ai voulu devenir journaliste, l’idée de conjuguer mon travail et ma foi s’est rapidement imposée à moi. Cette motivation a réellement constitué un fil rouge tout au long de ma vie professionnelle. J’ai, en effet, eu la chance de travailler à la fois pour des médias qui s’adressent principalement aux catholiques pour nourrir leur foi (Radio Notre-Dame, Famille Chrétienne, France Catholique) et des émissions de télévision qui visent à vulgariser la foi auprès du plus grand nombre (CNEWS).
Quel regard portez-vous sur la presse catholique française ? Quelles lignes de force la traversent ? Quels enjeux doit-elle relever dans un monde de plus en plus sécularisé ?
La presse catholique française a la chance de réussir à drainer pour quelques années encore un public très large. En effet, le nombre de lecteurs plus ou moins réguliers de publications catholiques, nationales et locales, s’élèverait à plus d’un million en France – ce qui est considérable ! L’évolution à venir sera certes très difficile du point de vue de la foi, et il n’est pas sûr que tous les titres de la presse catholique survivront. Cependant, les médias catholiques doivent se montrer à la hauteur des attentes de la société. Si nous connaissons de grandes mutations religieuses et que l’islam réussit à attirer de nombreux jeunes par la radicalité de son message, souvenons-nous que notre pays a été historiquement cimenté par la foi catholique. Or, il me semble que les problèmes que traverse notre société s’ancrent précisément dans un reniement ou un oubli de nos racines chrétiennes.
Il ne s’agit donc pas seulement de redécouvrir la place historique du christianisme dans notre pays mais plus encore – et c’est là un défi considérable pour la presse catholique – d’entretenir la flamme, en confortant les croyants qui restent et ceux qui se convertissent, en les nourrissant avec une foi consistante pour qu’ils rayonnent ensuite à l’extérieur. La presse catholique n’a donc pas seulement un rôle de stricte information (qui peut en partie se retrouver ailleurs, comme sur Internet) : elle doit avoir une plus grande ambition, celle d’enseigner, à sa mesure, pour nourrir en profondeur les catholiques – qui ont parfois des lacunes importantes en matière de foi – et les non-catholiques, bien sûr.
De ce point de vue, les émissions télévisées que j’anime m’aident à trouver un langage nouveau, qui s’adapte au grand public, un langage qui ne soit ni superficiel ni un reflet de l’entre-soi. L’ambition de la transmission – spirituelle mais aussi culturelle -, qui est l’un des objectifs du journal France Catholique, a été court-circuitée dans les années 1960 à 1980 : il faut donc de manière décisive renouer avec cette ambition si l’on veut envisager un avenir de la foi dans notre pays. Ne pas transmettre conduit à la mort. Le rôle de la presse catholique est donc vraiment vital dans la transmission.
Pouvez-vous précisément nous parler de l’émission En Quête d’Esprit que vous animez sur CNEWS ? Notre société est-elle plus en quête d’esprit que de repères ?
Notre société est en quête des deux. Il y a bien un besoin inhérent à la personne humaine de spiritualité, que l’on a voulu nier et qui revient aujourd’hui. La question des repères n’est pas non plus négligeable dans un monde déboussolé ces dernières décennies tant sur le plan religieux que sur le plan familial et moral. Le patrimoine religieux constitue l’un de ces repères, et, même s’il ne s’accompagne pas d’une adhésion à la foi catholique, il demeure déjà un point de départ.
L’émission En Quête d’Esprit vise ainsi à souffler sur les braises pour les ranimer et aider le public à passer des repères au spirituel, du patrimonial à une foi vécue plus intimement dans la profondeur et le secret des cœurs.
Nous visons ainsi une double démarche : aider l’Église à retrouver sa place au centre du village tout en affirmant que le plus important est ce qui se passe au cœur de l’église, au cours du culte rendu à Dieu par la prière et les sacrements.
Les résultats d’audience montrent que l’émission répond à une attente : la diffusion d’En Quête d’Esprit est, en effet, suivie par 200 000 à 300 000 auditeurs chaque semaine, sans compter le replay. Elle répond étonnamment à une attente qui n’était plus comblée depuis des années. Il faut remarquer que les grands médias – télévisions, radios, quotidiens – n’ont pratiquement plus de chroniqueur religieux ! Le fait de parler de la religion était déjà le premier enjeu de cette émission et l’objectif est atteint.
Je crois que la donne a changé ces dernières années : nous sommes passés de l’anticléricalisme des années 1960 à 1980 à une société majoritairement traversée, au pire, par de l’indifférence à l’égard du fait religieux, et, au mieux, par une soif bienveillante de connaître la religion catholique. Tout cela s’accompagne, bien sûr, d’une difficulté à évoquer les sujets difficiles de la foi.
Cependant, les émissions En Quête d’Esprit qui ont fait le plus d’audience sont celles qui traitent des anges, des miracles et du Saint Suaire. Elles apportent donc la preuve d’une soif spirituelle dans notre société qu’il faut étancher si l’on ne veut pas qu’elle s’abreuve ailleurs !
Mon souhait est donc vraiment de transmettre, à travers ces émissions, un certain nombre de notions et de témoignages sur la foi. Il faut des intervenants qui aient le souci de vulgariser, de rendre compte de leur foi sans rien renier du fond, sans édulcorer le message. Au contraire, les auditeurs ont besoin qu’on leur dise les choses clairement sur les fins dernières, le paradis, l’enfer, etc., qu’on leur montre que la religion catholique ne se confond pas avec un vague humanitarisme, qu’elle n’apporte pas qu’un simple supplément d’âme destiné à surmonter les difficultés de notre quotidien. Si l’on n’a pas cette exigence, on rate notre objectif ! Ensuite il faut expliquer et aider à redécouvrir de la manière la plus pédagogique possible les fondements de notre foi tels que l’Immaculée conception, la résurrection de la chair, le sacrifice de la Croix, etc., qui peuvent être à mille lieues des préoccupations de nos concitoyens.
Il faut arriver à surprendre sans perdre en chemin les exigences et la profondeur de la foi. Le défi est immense !