Le mois de mai est traditionnellement marqué par la dévotion mariale bien qu’une seule fête de la Vierge, la Visitation, soit célébrée le 31 mai. La dédicace d’un mois à une dévotion particulière est une forme de piété populaire dont on ne trouve guère l’usage avant le 18e siècle. Mai, décrété mois de Marie depuis 1724, est le plus ancien et le plus connu de ces mois consacrés. Nous avons donc 31 jours pour solliciter tout particulièrement l’aide spirituelle de Notre-Dame.
Seul saint Luc nous rapporte l’épisode de la Visitation juste après l’Annonciation. L’évangéliste nous relate alors le départ précipité de Marie pour les montagnes de Judée. Mais cette « diligence » de Marie n’exprime pas seulement un empressement joyeux mais aussi une dilection du cœur, c’est-à-dire un amour de grande qualité. L’élan qui porte Marie vers sa cousine Élisabeth est une démarche d’amour incompressible, que rien ne saurait entraver ou retarder. Il s’agit déjà, en effet, de partager la grande nouvelle que Marie vient de recevoir : Dieu vient d’accomplir ses promesses en faveur de l’humanité. Il sauvera son peuple de ses péchés.
Mais si saint Luc prend soin de nous raconter cet événement, c’est également en considération des paroles prophétiques que Marie adresse à Élisabeth et qui constituent, pour ainsi dire, le premier exultet de l’Église à venir. En raison de sa maternité exceptionnelle, Marie occupe une place tout à fait unique dans le mystère du Salut. Mais à travers la voix de la Vierge, c’est aussi l’Église tout entière qui rend grâce à Dieu pour cette merveille incommensurable qu’est le don de son Fils.
Marie, en effet, préfigure en elle-même l’Église qui naîtra à la Pentecôte. Vierge, immaculée, comblée de grâces, animée du souffle prophétique de l’Esprit-Saint, l’Église en son mystère s’esquisse déjà sous les traits de Notre-Dame. Et c’est en contemplant la manière d’être de Marie, comme à la Visitation ou à Cana, que l’Église prend alors elle-même conscience sur la manière dont sa propre mission dans le monde doit s’exercer : en termes de compassion.
En ce beau mois de Mai, pourquoi ne pas prendre exemple, chacun à titre individuel, sur la foi, la proximité et l’humilité de Marie ? Par de simples gestes, des actes vertueux d’obéissance, de prières et d’amour ? « Durant tout ce mois de mai, Marie, prends mes prières, présente-les à Jésus. »
Père Jérôme Monribot