Billet spirituel à l’occasion des lectures de ce 13e dimanche ordinaire.
Le fait d’être justifiés par le baptême, c’est-à-dire affranchis de toute condamnation ou réprobation divine, ne nous immunise pas pour autant du péché. En effet, citoyens d’un monde confiné dans les ténèbres d’une impiété pandémique, les baptisés doivent sans cesse s’efforcer de vivre en enfants de lumière, soucieux de préserver entre eux et le mal qui les guette, des gestes « barrière » que chaque année le Carême rappelle à notre conscience : lecture de la Parole divine, prières, actes de charité, jeûnes de conversion, confessions, communions. En somme, toute la vie chrétienne est une immense « quarantaine » non pas « sanitaire » mais « salutaire. »
Ainsi l’Apôtre Paul rappelle-t-il aux chrétiens de Rome qu’il ne saurait être question de mener une vie relâchée – on dirait de nos jours « pépère » – sous prétexte, qu’après avoir reçu le baptême, chacun aurait en quelque sorte acquis une assurance-vie pour le Ciel. En effet, s’il est vrai que nous avons été sacramentellement purifiés par la mort et à la résurrection du Christ au moment de notre baptême, nous demeurons néanmoins exposés aux dangers d’une inclination au mal en raison d’un germe infectieux et permanent que les théologiens appellent concupiscence.
Saint Paul nous enseigne donc que la vie chrétienne comporte un engagement vital : demeurer fidèles aux promesses de notre baptême : mourir à l’attrait du péché pour vivre de la grâce du Christ. Voilà le rythme binaire qui doit marquer notre propre participation au mystère pascal du Christ.
Enfin, le savoureux récit de l’épisode d’Élisée et de la Sunamite, dans la première lecture de ce dimanche, illustre à merveille la parole de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète, recevra une récompense de prophète. » Mais, pour être franc, lorsque je constate, un peu partout en France, la réaction épidermique de certains chrétiens à l’écoute d’homélies qu’ils déclarent dédaigneusement « moralisantes » – je ne peux que tristement m’interroger : Sommes-nous donc tombés si bas dans cette apostasie silencieuse que dénonçait déjà Paul VI en 1972 ? Pourtant, la Parole que Jésus nous adresse aujourd’hui est autrement plus radicale et sans artifice que toutes celles qu’un prêtre pourra dire en chaire : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. » Puisse chacun, dans la liberté et le courage de sa conscience, se positionner pour ou contre cette parole. Partir ou rester… Telle est la décision « cruciale » que le Christ nous invite à prendre aujourd’hui. Pour de bon…