À l’approche de la clôture de l’année dédiée à saint Joseph, qui se déroulera le 8 décembre 2021, j’ai été interviewé à propos du père virginal de Jésus. C’est avec beaucoup de plaisir que je livre aux membres de « Pour l’Unité » le contenu de cet entretien. Car des vertus de saint Joseph : « On n’en dira jamais assez ! »

Quelle relation entretenez-vous avec saint Joseph ?

Une grande dévotion et confiance… que je tiens moi-même d’un prêtre qui fut un véritable père spirituel à mon égard. 

La paternité assumée par Joseph vis-à-vis de Jésus permit d’inscrire ce dernier au sein d’une lignée humaine et royale : celle de la filiation Davidique. Cet acte, en apparence secondaire au regard du mystère de l’Incarnation, fut cependant nécessaire pour que les prophéties bibliques au sujet du Messie – annoncé comme Fils de David – puissent réellement s’accomplir. C’est dire que le « oui » de Joseph fut aussi fondamental que celui de la Vierge Marie. Comme l’affirme la grande tradition scolastique, la prédestination de Marie à devenir la mère de Dieu et la prédestination de saint Joseph à devenir le père virginal de Jésus sont toutes deux fondées sur le même décret de l’Incarnation, telle que concrètement voulue par Dieu. C’est pour cette raison, qu’en semaine, j’achève toujours la messe par une prière à Marie et à Joseph.

Joseph : « Gardien du Rédempteur. » Qu’est-ce que cela signifie ?

Selon moi, cette titulature signifie que Joseph n’a vécu que pour Jésus (sans exclure Marie). Elle dit tout à la fois la grandeur de sa mission et de sa responsabilité devant Dieu.

Il est significatif, aussi, de souligner qu’en hébreu, les verbes « garder » et « voir » ont une même racine. En français, on pourrait retrouver cela entre « surveiller » et « veiller sur. » Saint Joseph reçut de l’ange la mission de veiller sur « l’enfant et sa mère » (cf. Math., 2, 20). Mais nous oublions souvent qu’il lui fallait être également un grand contemplatif pour voir – au sens de discerner – la volonté de Dieu, particulièrement durant l’enfance du Messie.

Enfin, au-delà de la grandeur de la mission et de la responsabilité de Joseph, ce titre évoque surtout sa sainteté exceptionnelle. Un gardien, c’est aussi celui à qui on livre sa vie… Mieux vaut, dès lors, qu’il soit à la hauteur de sa tâche ! C’est pourquoi l’Écriture prend soin de préciser que Joseph était « un homme juste » (Math., 1, 19). Dans la Bible, sont tenus pour « justes », les hommes qui avouent leur totale dépendance au Seigneur, cherchant à connaître ce que Dieu attend de leur part pour s’appliquer ensuite à faire sa volonté. Cela exige beaucoup d’humilité ! Finalement, être « Gardien du Rédempteur » n’évoque-t-il pas un mystère d’humilité ?

En quoi saint Joseph nous est-il contemporain ?

Saint Joseph nous est effectivement contemporain dans la mesure où il incarne une forme exemplaire (un type) de la paternité humaine.

En effet, dans une société de plus en plus marquée par un féminisme exacerbé, la figure du père tend à devenir de plus en plus confuse. Pire, le « père » est parfois purement et simplement relégué dans le domaine du biologique. Or, saint Joseph, précisément, n’est pas le géniteur de Jésus ! Néanmoins, la paternité qu’il exerça vis-à-vis de lui fut tout à fait réelle : « Vois, ton père et moi nous te cherchions, inquiets » (cf. Luc, 2, 48). À travers l’exemple de saint Joseph, nous pouvons comprendre que la paternité humaine transcende le biologique. Certes fondée sur la masculinité, elle est d’abord une histoire de cœur et d’éducation. Plus mystérieusement encore, elle est une mission qui se reçoit de Dieu et non une fonction qu’on exercerait au gré de ses humeurs !

Comme telle, la place du père dans une famille – pas plus que celle de la mère – ne peuvent donc être interchangeables. Comme l’affirme un proverbe de Salomon (1, 8) : « Écoute, mon fils, l’instruction de ton père et ne rejette pas l’enseignement de ta mère. »

Illustration : Pixabay (libre de droits).