Petite méditation à propos de l’Évangile du dimanche 27 février 2022
UN AVEUGLE PEUT-IL CONDUIRE UN AUTRE AVEUGLE ?
Telle est la question que Jésus, ce dimanche, adressera à notre génération. Bien sûr, dans le contexte immédiat de l’Évangile, Jésus pense d’abord aux scribes et aux Pharisiens qui, par leur jurisprudence vis-à-vis de la Loi de Moïse, substituaient la Tradition des Anciens aux Commandements de Dieu sensés conduire le Peuple dans les sentiers de la droiture et de la justice. Sans doute, également, le Christ pensait-il aux autorités religieuses du Temple qui, préoccupées de conserver leurs titres ou leurs rangs auprès des occupants romains, ne se souciaient plus guère de la sanctification et de l’enseignement des foules. Comme Jésus le constatera lui-même : elles étaient alors comme des brebis sans berger…
Nous savons tous qu’au sein d’un royaume composé d’aveugles, tous les borgnes sont rois. Mais le problème ici, concerne bel et bien ceux qui prétendent « voir » mieux que les autres. Et sur ce point, notre époque n’est pas très différente de celle de Jésus. Notre société, en effet, fourmille d’aveugles conduisant d’autres aveugles.
Il y a ceux qui ne veulent pas « voir » la réalité en face et préfèrent suivre leur instinct grégaire du moment qu’on leur offre la nourriture et le vêtement. Cécité intellectuelle qu’en d’autres temps on aurait nommé « couardise. » Et puis il y a aussi tous ces prétendus intellectuels ou hauts fonctionnaires, issus de quelques universités distinguées qui, dans le corset de leur suffisance, prétendent savoir mieux que Dieu ce qu’est l’homme face à l’énigme que pose pourtant sa conscience. En vérité, en vérité, ce fameux « Siècle des Lumières » – fondé sur l’avènement du subjectivisme – fut en réalité un obscurantisme pour la France entière.
Aveugles, aussi, tous ces chrétiens qui, dans le culte de l’apparence, le souci de l’image qu’ils aiment refléter extérieurement, sont incapables de discerner la poutre qui obstrue la clairvoyance de leurs fautes. Finalement, devenir un bon disciple, à l’image et à la ressemblance du Maître, ne commencerait-il pas par une bonne visite chez un ophtalmo spirituel ? Si vous le pensez aussi, alors ouvrez l’Évangile et trouvez un bon prêtre pour confesser vos péchés.
Illustration : National Museum of Capodimonte, Public domain, via Wikimedia Commons